OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 En Iran, qui est in, qui est out? http://owni.fr/2010/11/09/en-iran-qui-est-in-qui-est-out-intranet/ http://owni.fr/2010/11/09/en-iran-qui-est-in-qui-est-out-intranet/#comments Tue, 09 Nov 2010 14:29:58 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=35043 “Avec l’aide de Dieu, j’essaierai sans réserves de circonscrire la longueur de mes billets à 15 minutes de lecture”. Quand il a lancé son blog à l’été 2006, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad entendait jouer les médiateurs républicains au sein de l’une des théocraties les plus répressives du monde. Perché sur les contreforts de la censure, il dispensait ses diatribes anti-impérialistes et délivrait des prêches sans fin à ses concitoyens. Las, l’identité numérique du leader iranien s’est vite fait seppuku, le 30 novembre 2007, date de son dernier post. Depuis, le blog en question a été piraté (pendant les élections de 2009), et le régime des mollahs a changé son fusil d’épaule: exit la transparence de façade, bonjour le blackout généralisé.

Dans le cadre de son cinquième plan quinquennal de développement, qui s’étend jusqu’en 2015, l’Iran entend créer un “réseau Internet national”. Prosaïquement, il s’agit d’un projet d’intranet géant, dans les cartons depuis 2005. Financé à hauteur de 560 millions de dollars – plus de 10% du budget moyen de la Défense -, déjà testé en janvier dans la province hautement symbolique de Qom (la ville éponyme est un lieu de culte des chiites), le chantier est ainsi présenté par son géniteur, Abdolmajid Riyazi:

Si un jour nous nous retrouvons pris dans un monopole américain sur le web, ou si d’autres pays décident d’attaquer notre réseau, nous serons forcément touchés, et nous aurons forcément un problème.

Donya-ye Eqtesad, 2006

Il y a quelques années, aux premières heures du très haut débit, Reporters Sans Frontières cartographiait les “trous noirs” de l’Internet, ces pays qui refusent de laisser circuler l’information. On y retrouvait la Chine, la Libye, la Biélorussie et bien sûr, l’Iran. Hier figurative, cette représentation pourrait bien devenir réalité à l’horizon 2013, objectif fixé par Téhéran.

Par-delà la censure

Aujourd’hui, le système de censure iranien est unanimement présenté comme l’un des plus perfectionnés au monde, juste derrière celui de la Chine. Utilisant une technologie fournie par Siemens et Nokia, le filtrage s’appuie sur le Deep Packet Inspection (DPI), qui inspecte en profondeur les flux de données. En juin 2009, le Wall Street Journal en détaillait le modus operandi:

Chaque paquet de données numérisées est déconstruit, analysé par mots-clés puis reconstruit, le tout en quelques millisecondes. Dans le cas de l’Iran, un seul goulot d’étranglement centralise les flux du pays tout entier, selon des ingénieurs familiers du système [...] L’Iran, qui compte environ 23 millions d’internautes, peut tracer l’ensemble des communications en ligne via Telecommunication Infrastructure Co. (TCI), qui fait partie du monopole d’Etat. Ainsi, l’ensemble des liens en provenance de l’étranger transitent par cette compagnie.

En ce sens, les craintes exprimées par Riyazi ne sont pas infondées. Limiter le nombre de points d’accès au réseau, c’est prêter le flanc aux attaques. Si d’aventure un “agent occidental”, de ceux qu’aiment régulièrement dénoncer Ahmadinejad et Khamenei, voulait éteindre le commutateur iranien, le filtrage par DPI ne serait qu’un formidable facilitateur.

Peu enclin à acheter ses serrures chez un cambrioleur, le gouvernement iranien aimerait désormais s’appuyer sur des technologies locales, et fonctionner en vase clos pour s’affranchir des lois physiques du routage. Comme le relève le site iranien Mianeh, d’autres arguments sont mis en avant pour justifier cette démarche de déconnexion: selon le régime, un tel intranet “diminuerait le coût des communications et améliorerait la bande passante”, mais surtout, “il faciliterait les transactions bancaires en ligne ou l’e-commerce”.

En février dernier, le Guardian s’étonnait de voir Mahmoud Ahmadinejad – un “farouche opposant au web” - se prononcer en faveur de Meydoonak, le premier supermarché en ligne à sortir de terre au pays des ayatollahs. Sur son blog Neteffect, Evgeny Morozov relevait une coincidence pour le moins ironique. Tandis que les autorités célébraient en grande pompe leur révolution de la grande distribution, elles coupaient une portion de leurs 80 kilomètres de fibre optique dans le sud du pays, en prévision d’une manifestation le lendemain.

Faut-il s’étonner de cette synchronicité? Le régime autoritaire iranien a bien appris sa leçon, après les émeutes de juin 2009. Mais surtout, il tente de nouer un nouveau pacte social avec son peuple: oui aux services, mais ceux que l’on vous propose. Dès lors, on ne s’étonnera pas de la récente volonté de Téhéran de créer un moteur de recherche national, qui serait attenant à cet Internet sous cloche.

Arme de géopolitique massive

Loin d’être les plus mauvais stratèges lorsqu’il s’agit de s’aventurer dans les territoires inextricables du web, les censeurs iraniens nourrissent peut-être une ambition plus profonde: faire de leur vision d’Internet un levier régional, un moyen d’asseoir une position de leader en Asie Centrale. Au début de l’année, Renesys, un important cabinet de R&D, décryptait la connectivité iranienne:

Il est clair que l’Iran possède un Internet local très riche, avec des douzaines de fournisseurs d’accès et de contenus. C’est l’un des plus anciens écosystèmes domestiques de la région, et en même temps, l’un des plus avancés.

Aujourd’hui, le trafic iranien s’appuie sur des ressorts géopolitiques assez subtils, avec des câbles qui courent depuis la Turquie, au nord, ou les Emirats Arabes Unis, au sud, dans les profondeurs du détroit d’Ormuz (construits par Alcatel-Lucent, dont le rôle en Birmanie a déjà été montré du doigt). Mais pris entre les velléités européennes de la Turquie et les enjeux millénaires autour de la porte d’accès au Golfe Persique, Téhéran cherche à solidifier sa position, en se tournant notamment vers la Russie. Partenaire stratégique, cette dernière pourrait précisément l’aider – par destination – dans ses rapports de force régionaux, puisque le contrôle de l’étranger proche exercé par Moscou agit régulièrement comme un outil de déstabilisation auprès des anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale.

Mais Renesys va plus loin. Le web iranien est-il en train de devenir une arme diplomatique? Selon les experts, l’Internet iranien pourrait rapidement être partagé avec l’Afghanistan et l’Irak, deux pays frontaliers dont le contrôle est essentiel dans une quête de puissance régionale. Ainsi, le gouvernement afghan aurait d’ores et déjà ajouté une “route iranienne” en marge d’un axe Londres-Karachi (au Pakistan). Déjà, certains supputent: le Pakistan pourrait être le prochain pays relié à l’Iran, ajoutant par là-même une nouvelle grille de tensions, que devront prendre en compte les diplomates occidentaux soucieux de ne pas souffler sur les braises de la poudrière irano-irako-afghano-pakistanaise (rien que ça).

Que faut-il penser de ces vents contraires? S’il affiche une volonté d’isolement sans précédent à travers la création d’un réseau coupé du monde, le gouvernement iranien cherche dans le même temps à utiliser la force des réseaux pour garder son fauteuil de leader régional. Et si, au-délà du dossier nucléaire, au-delà des parties de ping-pong verbal au pupitre des Nations unies, le véritable enjeu se situait dans le maillage étroit de la fibre optique?

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Crédits photo: Capture d’écran du site des télécoms iraniens, Flickr CC wharman, Hamed Saber

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L’intérêt de l’OpenApi pour les entreprises http://owni.fr/2010/11/08/l%e2%80%99interet-de-l%e2%80%99openapi-pour-les-entreprises/ http://owni.fr/2010/11/08/l%e2%80%99interet-de-l%e2%80%99openapi-pour-les-entreprises/#comments Mon, 08 Nov 2010 16:33:03 +0000 Serge Soudoplatoff http://owni.fr/?p=34923 Le système d’information des entreprises est généralement un système fermé. Ce n’est pas forcément par crainte d’intrusion, ou de malveillance, mais parce que la philosophie de base du monde industriel est qu’il y a une vie dans l’entreprise, une vie en dehors de l’entreprise, et que la frontière entre les deux doit être simple: fermée, avec quelques points de passage bien surveillés, par exemple par une machine inventée par IBM en 1912 (l’horloge pointeuse) faisant office de système d’information, et une logique basée sur l’horaire qui permet de faire une barrière temporelle entre le dedans et le dehors.

Bien évidemment, le monde a changé. Plusieurs frontières entre l’intérieur et l’extérieur de l’entreprise, entre la sphère privée et la sphère professionnelle, ont explosé. Déjà sur le plan temporel, à part les salariés qui ont un travail posté (à peine 15% du travail actif), plus personne n’est vraiment concerné par la durée comme mesure de la création de valeur (d’où l’absurdité de la loi des 35 heures, non pas à cause du chiffre 35, mais parce que l’heure est de moins en moins une unité pertinente).

Ensuite, la capacité des entreprises à mettre partout des blocages sur leur système d’information, allant de pare-feu à l’interdiction des réseaux sociaux en passant par le blocage de toute vidéo (pire que le gouvernement Chinois…), force finalement les salariés à travailler de chez eux, où ils trouvent de bien meilleures conditions informatiques que sur leur lieu de travail.

Ouvrir les systèmes d’information

Les systèmes d’information, traditionnellement fermés, ont été bouleversés par la philosophie ouverte de l’Internet. Il a fallu quelques années avant que les entreprises ne se mettent à ouvrir partie de leurs informations sur l’extérieur; je me souviens de la révolution engendrée par UPS qui avait été innovant en décidant d’ouvrir son intranet sur le web afin de donner les dates de délivrance de ses paquets.

En 2010, il serait suicidaire pour une entreprise qui s’adresse au grand public de ne pas avoir un site web qui, a minima, offre de l’information, et au moins permet d’effectuer des transactions. Mais ceci va vite devenir largement insuffisant, et je pense que le monde de l’entreprise devrait rendre publiques les API, qui sont des interfaces de programmation, de leur système d’information.

Observons ce qui se passe dans le monde de la politique. Le mouvement de l’Open Data est né de la volonté de certains chefs d’état d’ouvrir au public les données de l’administration; ou plutôt, pour reprendre l’excellent phrase du rapport de Nicholas Gruen remis au gouvernement Australien, de passer d’une logique où « le gouvernement protège ses données, sauf s’il a envie de les diffuser » à une logique où « le gouvernement diffuse ses données, sauf s’il y a une raison impérieuse de ne pas le faire ». C’est ainsi que le gouvernement Américain a ouvert son portail de données, que ce fut aussi le premier geste de Cameron lorsqu’il fut élu, conduisant au portail Anglais, suivi par de nombreux pays ou administrations; même le gouvernement Russe a ouvert un portail rendant publiques les dépenses de son administration.

Lorsqu’un gouvernement ouvre ses données, celles-ci se présentent sous plusieurs formats, allant de simples documents pdf jusqu’à des tableurs excel. Publier des données est intéressant, mais les rendre utiles est encore mieux. La logique a donc été de passer de l’ouverture des données à l’ouverture d’interfaces de programmation permettant à des programmeurs de réaliser des applications dialoguant avec les systèmes d’informations.

Suivre l’exemple du secteur public

Le principe est le suivant: une municipalité ouvre des API sur son système d’information. Ensuite pour amorcer la pompe, elle crée un concours public, récompensant les meilleures applications utilisant ces API. La communauté est alors motivée pour créer de telles applications. L’intérêt pour une ville est multiple: elle se concentre sur son métier qui est de gérer la ville, elle n’a plus de problème de développements informatiques, puisque les applications sont réalisées ailleurs, l’argent du contribuable est finalement mieux dépensé, et les services rendus deviennent très nombreux. De plus, dans le modèle anglo-saxon, non seulement l’administration ne doit pas faire payer ses données, mais il est bien que ces données permettent au monde économique de s’enrichir… Un ensemble de municipalités a d’ailleurs décidé de standardiser ces interfaces de programmation, donnant naissance à Open311, site sur lequel on peut voir la liste des applications développées par des tierces personnes.

Le monde de l’entreprise devrait s’inspirer de ce mouvement. Prenons un cas d’école, en partant du bricolage. Les deux grandes enseignes, Castorama et Leroy-Merlin ont développé des applications iPhone. Ces applications ont coûté de l’argent, et ont forcé les entreprises à faire de l’informatique, ce qui est loin de leur cœur de métier. De plus, aucune de ces deux applications ne permet de passer commande directement des produits concernés.

Imaginons maintenant que les enseignes décident d’ouvrir leurs API. Il y aura sûrement dans la communauté des clients des programmeurs de génie qui développeront des applications orientées usage, puisqu’eux-même sont clients. Ces application pourront alors, au-delà ce que font déjà celles des marques, inventer d’autres usages en laissant cours à l’imaginaire, et surtout, passer directement des commandes au système d’information. Le flux d’achat en sera ainsi augmenté.

Prenons un autre exemple: si les banquiers ouvraient leurs API (en imaginant qu’ils passent d’un mode stock à un mode flux), la communauté pourrait développer des applications innovantes, permettant de mieux gérer leurs comptes, de faire des transactions, etc… Les banquiers y gagneraient des flux, et les clients auraient des services bien plus intéressants.

La rentabilité de l’OpenApi

Est-ce utopique ? C’est déjà ce que fait Amazon dans le retail, avec d’une part les Amazon Web services, dont l’un par exemple permet d’adresser le tunnel de commande, et les widgets qui permettent à chacun de mettre une fenêtre d’Amazon sur son site. C’est aussi la récente innovation de paypal avec paypalX, un ensemble d’API ouvertes associées à un modèle économique de partage de revenu. C’est ce qu’a fait JCDecaux en ouvrant les interfaces des bornes du vélib, fournissant le nombre de vélos et ne nombres de slots disponibles, même si l’on aurait aimé qu’il ouvre ses interfaces du Vélib lui-même, et surtout l’on a regretté qu’il fasse machine arrière. On pourrait penser à d’autres applications, dans le monde de l’automobile, de toutes les industries ou de tous les services.

Le monde Internet est un monde ouvert, basé sur la coopération, l’intelligence collective, et la valeur du flux plus que du stock. Ouvrir ses API représente, pour une entreprise, la compréhension d’où se situe la valeur, et de comment l’exploiter intelligemment. Je reste persuadé que les premières qui le feront auront un avantage compétitif par rapport aux autres.

Le “government as a platform” de Tim O’Reilly deviendrait, à la lumière de ce que j’ai écrit en 2008, « enterprise as a platform ». Auguste Detoeuf, dans « propos de O. L. Barenton, confiseur », le disait lui-même dans un livre écrit en… 1936 :

Ce ne sont pas vos brevets, mais votre rapidité d’exécution, qui vous protégera de la concurrence.

Crédit photos cc FlickR : tuppus, TheGoogly, thecodefarm.

Article initialement publié sur La rupture Internet.

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Le Cluetrain Manifesto appliqué à la politique http://owni.fr/2010/03/19/le-cluetrain-manifesto-applique-a-la-politique/ http://owni.fr/2010/03/19/le-cluetrain-manifesto-applique-a-la-politique/#comments Fri, 19 Mar 2010 13:33:30 +0000 Damien Van Achter http://owni.fr/?p=10391 2406305116_3d49243f6c

Image CC baratunde sur Flickr

Le Cluetrain Manifesto ( en français, Le manifeste des Évidences) est un petit peu la bible du  nouveau web. Sorties en 1999 par Levine, Locke, Searls & Weinberger, ces 95 affirmations sont autant de clés fondamentales pour comprendre les changements de mentalité que le web provoque, de gré ou de force, au sein des entreprises.

Une seule chose compte: l’utilisateur. C’est lui qui désormais mène la danse, fût-elle encore un peu folklorique :-)

Depuis que je blogue, j’ai relu à maintes reprises ce Cluetrain. Comme toutes les évidences, il faut avoir souvent enfoncé le clou pour se rendre compte de la puissance du marteau. Il y a trois ans, sentant un peu le vent venir, je m’étais attelé à transcrire à l’échelle de la politique les 95 thèses développées dans le Manifeste.

Amis français, vous qui allez voter dimanche, je crois que la lecture des quelques lignes ci-dessous devraient vous mettre en joie. Ou pas…

Électeurs connectés …

Les électeurs connectés commencent à s’organiser plus vite que les partis et les organismes politiques qui les ont traditionnellement ciblés. Grâce au web, ces électeurs deviennent mieux informés, plus intelligents et plus demandeurs en qualités, qui font défaut à la plupart des partis et organismes politiques.

… Les habitants de la Terre

Le ciel s’ouvre sur les étoiles. Les nuages passent au dessus de nous, jour et nuit. Les marées montent et descendent. Quoi que vous ayez pu entendre, ceci est notre monde, notre lieu d’être. Quoi qu’on ait pu vous dire, nos drapeaux volent librement au vent. Notre coeur bat à jamais. Habitants de la Terre, souvenez vous en.

95 thèses

1. Les collèges électoraux sont des conversations.

2. Les collèges électoraux sont constitués d’êtres humains, non de secteurs démographiques.

3. Les conversations entre humains sonnent de façon humaine. Elles sont menées sur un ton humain.

4. Que ce soit pour discuter d’information, d’opinions, de perspectives, d’arguments opposés ou humoristiques, la voix humaine est typiquement ouverte, normale, et naturelle.

5. Les gens se reconnaissent entre eux grâce au son même d’une telle voix.

6. L’Internet permet des conversations entre êtres humains qui étaient tout simplement impossibles à l’ère des masse-média.

7. Les hyperliens renversent la hiérarchie.

8. Au sein des collèges électoraux interconnectés, et des électeurs intraconnectés, les gens se parlent entre eux d’une  nouvelle façon puissante.

9. Ces conversations en réseau permettent à de nouvelles formes d’organisation sociale et d’échange de connaissance d’émerger.

10. Résultat, les électeurs deviennent plus intelligents, plus informés, plus organisés… La participation à un collège électoral en réseau change des gens fondamentalement.

11. Les électeurs en réseau ont compris qu’ils obtiennent des informations et une aide bien meilleures les uns des autres que des politiques. Autant pour la rhétorique corporatiste des partis pour ce qui est d’ajouter de la valeur à des sujets d’intérêts politiques d’intérêt général.

12. Il n’y a pas de secrets. Les électeurs connectés en savent plus que les partis sur les sujets politiques. Et que ce qu’ils découvrent soit bon ou mauvais, ils le répètent à tout le monde.

13. Ce qui arrive au sein des collèges électoraux se passe également parmi les électeurs. Une construction métaphysique appelée « le parti » est la seule chose qui les sépare.

14. Les partis politiques ne parlent pas dans la même langue que ces nouvelles conversations en réseau. Pour leurs audiences en ligne, les partis politiques semblent creux, plats et littéralement inhumains.

15. Dans quelques années à peine, l’actuelle voix homogène des politiques – le son des rapports de mission et des brochures – semblera aussi forcée et artificielle que le langage du 18ème siècle à la cour de France.

16. Déjà, les partis et les organismes politiques maniant boniment et charlatanisme, ne parlent plus à personne.

17. Les partis et les organismes politiques qui supposent que les électeurs en ligne sont les mêmes que ceux qui regardaient leur publicité à la télévision se moquent d’elles-mêmes.

18. Les partis et les organismes politiques qui ne réalisent pas que leurs collèges électoraux sont désormais un réseau d’individus à individus, plus intelligents par conséquence et très impliqués dans un dialogue, passent à côté de leur meilleure chance.

19. Les partis et les organismes politiques peuvent maintenant communiquer avec leurs électeurs directement. Si elles passent à côté, cela pourrait être leur dernière chance.

20. Les partis et les organismes politiques doivent réaliser que leurs électeurs rient beaucoup. D’eux.

21. Les partis et les organismes politiques devraient se détendre et se prendre un peu moins au sérieux. Elles ont besoin d’un sens de l’humour.

22. Avoir le sens de l’humour ne signifie pas mettre des blagues sur le site web du parti. A l’inverse, cela implique de grandes qualités, un peu d’humilité, du franc parler, et un véritable point de vue.

23. Les partis politiques et les organismes essayant de se positionner devraient avoir un positionnement. Dans l’idéal, il correspond à quelque chose qui intéresse vraiment leur collège électoral.

24. Les fanfaronnades ampoulées du genre « nous sommes en position pour devenir le principal fournisseur de XYZ » ne constituent pas un positionnement.

25. Les partis et les organismes politiques doivent descendre de leurs tours d’ivoire et parler avec les personnes avec lesquelles elles espèrent instaurer une relation.

26. Les relations publiques ne parlent pas au public. Les partis et les organismes politiques ont profondément peur de leurs collèges électoraux.

27.En s’exprimant dans un langage qui est distant, peu attrayant, arrogant, ils bâtissent des murs pour maintenir à distance leurs collèges électoraux.

28. La majorité des programmes électoraux sont fondés sur la crainte que les électeurs puissent voir ce qui se passe réellement à l’intérieur du parti.

29. Elvis le dit mieux : “Nous ne pourrons pas continuer avec un esprit soupçonneux”

30. La fidélité politique est la version politique de ne rien faire, mais la rupture est inévitable – et arrive vite. Parce qu’ils sont connectés, les collèges électoraux sont capables de réévaluer une relation en un clin d’oeil.

31. Les collèges électoraux en réseau peuvent changer de sujets d’intérêt du jour au lendemain. Les activistes en réseau peuvent changer de parti pendant le déjeuner. Vos propres conduites nous ont enseignés à nous poser la question : « la loyauté ? c’est quoi déjà ? »

32. Les collèges électoraux futés trouveront les francs-tireurs politiques qui parlent leur propre langue.

33. Apprendre à parler d’une voie humaine n’est pas un truc de parloir. Cela ne s’apprend pas au cours d’une quelconque conférence.

34. Pour parler avec une voix humaine, les partis politiques doivent partager les centres d’intérêts de leurs communautés.

35. Mais avant tout, elles doivent appartenir à une communauté.

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36. Les partis et les organismes politiques doivent se demander où s’arrêtent leur culture interne.

37. Si elle s’arrête avant que la communauté commence, elles n’auront aucun collège électoral.

38. Les communautés humaines sont basées sur le dialogue- sur des dialogues humains concernant des préoccupations humaines.

39. La communauté du dialogue est le collège électoral.

40. Les partis et les organismes politiques qui n’appartiennent pas à une communauté du dialogue sont condamnés.

41. Les partis et les organismes politiques voue un culte à la sécurité, mais c’est pour brouiller les pistes. La plupart se protège moins de leurs concurrents que de leur propres collège électoral et activistes.

42. De même que dans les collèges électoraux en réseau, les gens parlent également entre eux directement à l’intérieur du parti — et pas uniquement à propos des règles et régulations, des directives du comité central et des scores électoraux.

43. De telles conversations ont lieu aujourd’hui sur les intranets politiques. Mais seulement quand les conditions sont réunies.

44. Les partis et les organismes politiques installent généralement des intranets de haut en bas pour diffuser des consignes et autres informations internes que les activistes font de leur mieux pour ignorer.

45. Les intranets ont naturellement tendance à devenir barbants. Les meilleurs sont construits de la base vers le haut, par des individus engagés, coopérant dans le but de construire quelque chose avec plus de valeur.

46. Un Intranet sain organise les activistes dans tous les sens du terme. Son effet est plus radical que l’ordre du jour de n’importe quel syndicat.

47. Bien que cela terrifie les partis politiques, ils ont également largement besoin d’intranets ouverts pour générer et partager des informations critiques. Elles doivent résister à l’envie d’améliorer ou de contrôler ces conversations en réseau.

48. Quand les intranets des partis ne sont pas bloqués par la peur et les règles juridiques, le type de conversation qu’ils favorisent, résonnent remarquablement comme les conversations des collèges électoraux.

49. Les diagrammes organisationnels fonctionnaient dans une ancienne économie, où les plans pouvaient être totalement compris au plus haut de la pyramide manageuriale et que des ordres de travail précis pouvaient alors être donnés vers le bas.

50. Aujourd’hui, la charte organisationnelle est hyperliée, et non hiérarchique. Le respect pour la transmission de la connaissance est bien plus fort que celui pour une autorité abstraite.

51. Le management du style commander-et-contrôler vient de et renforce la bureaucratie, la lutte du pouvoir et une culture globale de la paranoïa.

52. La paranoïa tue le dialogue. C’est son but. Mais le manque de dialogue peut tuer un parti.

53. Il y a deux sortes de dialogues en cours. Un à l’intérieur du parti. Un avec les électeurs.

54. Dans la plupart des cas, aucun des deux ne se passe très bien. Pratiquement à chaque fois, la cause de l’échec peut être ramenée à des notions obsolètes de l’autorité et du contrôle.

55. En tant que politiques, ces notions sont du poison. En tant qu’outils, elles ne marchent pas. L’autorité et le contrôle rencontrent l’hostilité des acivistes intraconnectés et génère une méfiance parmi les électeurs interconnectés.

56. Ces deux conversations veulent dialoguer l’une avec l’autre. Elles parlent le même langage. Elles se reconnaissent mutuellement.

57. Les partis et organismes politiques futés se pousseront et aideront l’inévitable à arriver plus vite.

58. Si la volonté de se mettre de côté était un critère d’évaluation du QI, alors très peu de partis politiques sociétés seraient dans le coup.

59. Aussi subliminal que cela soit sur le moment, des millions de personnes en ligne perçoivent maintenant les partis politiques comme à peine mieux que de pittoresques fictions légales qui font de leur mieux pour éviter que ces conversations ne se croisent.

60. C’est suicidaire. Les électeurs veulent parler aux partis politiques.

61. Malheureusement, la partie du parti à laquelle les électeurs connectés veulent s’adresser, est généralement cachée derrière un écran de fumée de boniments, d’un langage qui sonne faux, et qui généralement, l’est.

62. Les électeurs ne veulent pas parler aux portes-parole. Ils veulent participer aux conversations ayant cours de l’autre côté du mur d’enceinte du parti.

63. Se mettre à nu, être personnel. Nous sommes ces collèges électoraux… Nous voulons vous parler.

64. Nous voulons accéder à votre information interne, à vos plans, vos stratégies, vos meilleurs projets, votre sincère connaissance. Nous ne nous contenterons pas d’une brochure en couleurs, d’un site web plein à craquer de poudre aux yeux mais sans aucune substance.

65. Nous sommes également les militants de bases qui font fonctionner vos partis politiques. Nous voulons parler aux électeurs directement de notre propre voix et non selon des platitudes écrites dans un manifeste.

66. En tant qu’électeurs, que militants, nous n’en pouvons vraiment plus d’obtenir notre information via des télécommandes. Quel besoin avons-nous d’assemblées annuelles impersonnelles et de sondages électoraux de troisième ordre pour nous présenter les uns aux autres ?

67. En tant qu’électeurs, que militants, nous nous demandons pourquoi vous n’écoutez pas. Vous avez l’air de parler dans une autre langue.

68. Ce jargon autosuffisant que vous jetez alentours – dans la presse, à vos conférences – en quoi ça nous concerne ?

69. Peut-être vous impressionnez vos donateurs. Peut-être vous impressionnez Euronext. Vous ne nous impressionnez pas.

70. Si vous ne nous impressionnez pas, vos donateurs en seront de leur poche. Est-ce qu’ils ne peuvent pas comprendre cela ? S’ils le comprenaient, ils ne vous laisseraient pas nous parler ainsi.

71. Vos notions fatiguées de l’ »électorat » rendent vos yeux ternes. Nous ne nous reconnaissons pas dans vos projections. Peut-être parce qu’on est déjà allé voir ailleurs.

72. Nous aimons beaucoup ce nouvel espace électoral. En fait, nous le créons.

73. Vous êtes invité, mais c’est notre territoire. Laissez vos chaussures à l’entrée. Si vous voulez trinquer avec nous, descendez de votre cheval !

74. Nous sommes immunisés contre la propagande. Laissez tomber.

75. Si vous voulez nous parler, dites-nous quelque chose. Et quelque chose d’intéressant, pour une fois.

76. On a des idées pour vous aussi : de nouveaux outils dont nous avons besoin, de meilleurs propositions. Des propositions pour lesquelles nous sommes prêts à voter. Vous avez une minute ?

77. Vous êtes trop occupés à « faire de la politique » pour répondre à notre email ? Zut, désolé, on reviendra plus tard. Peut-être.

78. Vous voulez notre vote ? Nous voulons votre attention.

79. Nous voulons que vous arrêtiez votre trip, votre névrotique attention sur vous-même, venez faire la fête.

80. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez encore gagner des voix. Enfin, à condition que ce ne soit pas votre seul soucis.

81. Avez-vous remarqué que l’argent en soi, est un peu unidimensionnel et ennuyeux ? De quoi d’autre pourrait-on parler ?

82. Vos discours ne touchent plus personne. Pourquoi ? On aimerait interroger les personnes qui les ont rédigés. Votre stratégie politique n’a aucun sens. Nous aimerions en discuter avec votre président. Comment ça, il n’est pas là ?

83. Nous voulons que vous preniez vos dizaines de milliers d’électeurs autant au sérieux qu’un seul journaliste du Soir.

84. On connaît des gens dans votre parti. Ils sont plutôt sympas en ligne. Vous en avez d’autres comme ça que vous cachez ? Est-ce qu’ils peuvent sortir pour venir jouer ?

85. Lorsque nous avons des questions, nous nous tournons les uns vers les autres pour obtenir des réponses. Si vous n’aviez pas une main si dure sur « vos gens » peut-être que nous nous tournerions vers eux.

86. Lorsque nous ne sommes pas occupés à être votre « cible électorale », la plupart d’entre nous sont vos gens. Nous préférions discuter avec des amis en ligne, plutôt que de regarder l’heure. Cela diffuserait votre nom d’une façon bien plus efficace que votre site web à un million d’euro. Mais vous nous dites que s’adresser aux électeurs est réservé aux porte-parole.

87.Cela nous ferait plaisir que vous compreniez ce qui se passe ici. Ce serait vraiment bien. Mais ce serait une grave erreur que de croire que nous allons vous attendre.

88. Nous avons de meilleures choses à faire que de nous soucier de savoir si vous allez changer à temps pour conquérir nos voix. Les élections ne sont qu’une partie de nos vies. Elles semblent remplir complètement la votre. Réfléchissez-y : qui a besoin de qui ?

89. Nous avons un vrai pouvoir et nous le savons. Si vous ne saisissez pas le concept, une autre équipe va débarquer qui sera plus attentive, plus intéressante, plus sympa pour jouer avec.

90. Même dans le pire des cas, notre toute récente conversation est plus intéressante que la plupart des salons professionnels, plus divertissante que n’importe quelle série télé, et certainement plus proche de la vie que les sites web institutionnels que vous avons vus.

91. Notre allégeance va à nous-mêmes, à nos amis, à nos nouveaux alliés et connaissances, et même à nos adversaires. Les partis et organismes politiques qui n’ont pas de liens avec ce monde, n’y auront pas de futur non plus.

92. Les politiciens dépensent des milliards d’euros pour « lutter contre le terrorisme ». Pourquoi n’entendent-ils pas la bombe à retardement de cet électorat ? Les enjeux sont bien plus importants.

93. Nous sommes à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des partis politiques. À l’intérieur et en dehors d’eux. Les barrières qui délimitent nos dialogues sont comme le mur de Berlin aujourd’hui, mais elles ne sont qu’un désagrément. Nous savons qu’elles finiront par tomber. Et nous allons nous appliquer des deux côtés, à les faire tomber.

94. Pour les partis traditionnels, les conversations en réseau peuvent sembler confuses, perturbantes et désarçonnantes. Mais nous nous organisons plus vite que vous ne le faites. Nous avons de meilleurs outils, d’avantages d’idées neuves, et aucun règlement pour nous ralentir.

95. Nous nous éveillons et nous connectons les uns aux autres. Nous observons. Mais nous n’attendons pas.

Billet initialement publié sur Blogging the news

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Expérimentations Wordpress http://owni.fr/2009/11/02/5095/ http://owni.fr/2009/11/02/5095/#comments Mon, 02 Nov 2009 11:05:52 +0000 Admin http://owni.fr/?p=5095 Imath est de retour sur son blog, malgré le temps qui manque. Il nous présente l’avancement de son projet visant à construire un intranet sous Wordpress >

Pas mal débordé en ce moment avec mon nouveau taf ! Mais ce matin c bizarre je me suis levé aux aurores …  Après avoir errer sur delicio.us sur mon iphone, je prends quelques secondes pour partager les expérimentations wordpress que je réalise actuellement afin de “construire” un site intranet. L’objectif de ce site est de proposer du contenu classique (descendant web 1.0 ;) ), une boîte à idées pour valoriser l’innovation participative et une zone réservée pour les membres ++ de ma direction …

> Lire la suite sur imath.owni.fr

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